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Author's Chapter Notes:
Tony se confie à Gibbs et on en apprend encore un peu plus sur sa vie
Disclaimer: Ces personnages sont la propriété exclusive de leurs auteurs et créateurs. Je ne fais que leur créer des scenarii supplementaires... Le clan des Italiens est de mon invention. Pour le salaud... Je ne revendique même pas sa création. J'ai honte.

Rating: Probablement toujours M-FRAO-R (je ne sais plus quel rating va ou..), ça ne devrait pas aller en s'arrangeant.

Le sel de ma vie: Merci de suivre ce salaud.

*********

Tony et Pio

Dans la nuit, un hurlement de douleur et de terreur fit bondir Jethro de son lit dans la chambre des parents de Deirdre, son flingue à la main, il se précipita dans la chambre qu'occupait Tony, faisant irruption comme un fou, persuadé de tomber sur Julian.

Il releva son arme dès qu'il se rendit compte que le seul homme dans la pièce était Tony, encore recroquevillé, tremblant et faisant une crise d'hyperventilation.

"Tony! Gronda-t-il doucement en posant l'arme sur la table de chevet, je vais finir par te flinguer par erreur... DiNozzo...
Il fit bouger le jeune homme, caressa sa joue lentement pour lui faire reprendre conscience.
"Jethro??? Boss... Il est pas là... Hein??? Dis moi qu'il n'est pas là...
"Tony... Shshshs... Non. Il n'y a personne. Que toi et moi... Personne j'te jure...
"Santa Madre... Padre Pio per favore... Paolino, mi scusi... Per favore perdono, sei per te, unicamente per te... Il mio amico, tutto per te... Tony marmonnait des mots dans un italien rapide.

Il était encore perdu dans un cauchemar et n'arrivait pas à en sortir.

Comme en transe.

En désespoir de cause, Gibbs glissa son arme sous l'oreiller et se glissa sous les draps, entourant Tony de ses bras, le serrant contre lui jusqu'à ce qu'il le sente se détendre.

La partie fut gagnée quand Tony lui rendit la pareille, toujours endormi, mais le visage enfoui dans son épaule comme la veille. Son bras passé autour de la taille de l'homme, en sécurité à cet endroit là.

La fin de la nuit fut calme, Jethro ne dormant que d'un oeil. Refusant de se laisser bercer par un sentiment de fausse sécurité. Julian pouvait éventer la ruse et les pourchasser. Instinctivement, Gibbs savait que l'homme était dangereux.
Et pas que pour Tony.
Pour quiconque se permettrait d'intervenir dans ses choix.
Et là, ils y étaient tous les deux. Dans la ligne de mire du cinglé.
Des deux cinglés, fallait pas oublier Aswari, il avait clairement annoncé à Gibbs qu'il le ferait souffrir en s'attaquant à son équipe, et que se soit Cait, McGee où Tony, aucune des trois solutions ne le satisfaisait. S'il avait décidé de supprimer Gibbs, il n'allait pas tarder à l'attirer dans un piège.

Julian n'était peut être pas la plus grande menace finalement.

Au petit matin, Jethro se réveilla pour de bon, se retrouvant à caresser machinalement le bras de Tony. Lorsqu'il réalisa ce qu'il était en train de faire, il cessa immédiatement. Se contentant de regarder le jeune homme entre ses bras.

Une envie insensée de le protéger, vint lui faire réaliser qu'il s'impliquait peut être un peu trop.
Tony ne lui avait rien demandé.

Il s'était contenté de lui obéir ainsi qu'il le faisait chaque fois.
Envers et contre sa propre sécurité et santé, puisque Gibbs le savait autant que Tony, mais le retour de celui ci vers Julian ne pourrait que mal se passer.
Il allait en baver c'était certain.
Mais même cette expectative, n'avait pas fait renoncer le jeune agent.

Le soupir de Jethro tira Tony du sommeil.
Il refusa de bouger, profitant encore un instant de la présence de Jethro contre lui.
La chaleur de sa peau contre sa joue.
Les yeux fermés.
Comme si il avait le droit de se trouver là en toute impunité.

"Tony... Je sais que tu es réveillé...
"Mmmm...
"Comment vas tu?
"Bien, pourquoi?
"T'as cauchemardé sévèrement cette nuit.

Tony se releva sur un coude, laissant sa main voyager sur le ventre plat de son Boss, pas une caresse, mais un mouvement délibéré, une minuscule exploration de la normalité.
Le regard vert s'accrocha à celui de Jethro.

"J'ai fait des cauchemars?
"Tu as hurlé. J'ai cru que Julian était là. Mais tu étais seul. En train de gémir de douleur quand je suis entré dans la chambre. Quand j'ai essayé de te réveiller, tu t'es mis à parler Italien.
Tony retint son souffle.
"Et?
"Paolino. C'est tout ce que j'ai compris. Tu as répété ce prénom une dizaine de fois. Dit Gibbs sans ciller.

La main de Tony termina son voyage et vint retrouver le drap du lit. Abandonnant le corps musclé de l'ex-marine's.

"Tony?
"C'est une longue histoire Jethro, expliqua le jeune homme en se séparant de l'homme qui le serrait toujours contre lui.
"On a rien à faire. Raconte. Demanda Gibbs.

Le silence de Tony le fit bouger, il chercha le regard vert et ne trouva pas. Le visage si avenant s'était fermé.
La blessure était encore vive.

"Café? Proposa-t-il en espérant que Tony comprendrait qu'il ne l'obligeait pas à parler. Que ce n'était qu'une question de confiance.
"Ouais.
"J'y vais. Restes là.
"D'accord.

Jethro se leva et descendit préparer le café promis, Tony en profita pour faire un tour rapide à la salle de bain et pour enfiler le bas de pyjama que Gibbs lui avait donné la veille après avoir fouillé dans les placards des parents de Deirdre.
Il était de retour dans le lit au moment où Jethro revint, les tasses en équilibre sur un plateau, ainsi que quelques biscuits.

"Petit dej au lit? Tu me gâtes... Dit Tony avec un grand sourire.
"Tu peux même pas imaginer à quel point... Répondit Jethro en lui souriant aussi, pas une de mes ex n'y a jamais eu droit.
"C'est pour ça qu'elles ont divorcé, moi je divorcerais pas...
"On est pas mariés, DiNozzo.
"Que des avantages, tu vois bien!! En plus je fais aussi la vaisselle et le ménage... Insista Tony en éclatant de rire.

Jethro s'installa dans le lit, confiant le plateau à Tony et profitant qu'il ait les mains occupées, lui claqua légèrement le derrière de la tête.

"Pas de propositions malhonnêtes avant le petit déjeuner DiNozzo... Grogna-t-il en récupérant un mug fumant.
"D'acc Boss. On petit déjeune et je te fais des propositions malhonnêtes ensuite... Acquiesça le jeune homme en souriant.
"Tony!!!!!

Ils prirent leur petit déjeuner en parlant de tout et de rien, puis avec un nouveau soupir Tony essaya de s'appuyer au mur, les grimaces que le geste lui arrachèrent, firent réagir Gibbs.

Il proposa une nouvelle séance de soins, acceptée sans mot dire cette fois ci, Tony enleva le tee shirt et s'allongea à plat ventre une fois que les bandes qui maintenaient les compresses furent retirées.

Grâce au traitement de la veille, et à l'application généreuse de pommade antiseptique, les plaies avaient cessées de suinter, et n'avaient que très peu collées au tissus des compresses.

Ce fut moins douloureux pour Tony cette fois ci, et Gibbs après un nouveau nettoyage, lui passa la pommade doucement, enduisant son dos par touches légères, massant pratiquement le jeune homme.

La tête enfouie dans l'oreiller, Tony essayer de ne pas penser à ce que ses mains là sur son dos lui faisaient.
Pas facile pour deux sous de ne pas avoir d'érection, opération superbement facilitée par le port de la ceinture de chasteté de Julian, il devait l'avouer.
C'était inconfortable au possible et ça faisait tomber les envies à vitesse suprasonique.

Gibbs hésita une seconde, sa main au dessus de l'élastique du pyjama, il glissa un de ses doigts entre la peau et le tissu, passant sous le boxer dans le même temps.

"Je peux? Demanda-t-il tout doucement.
"Au point ou j'en suis... Marmonna Tony en rougissant de plus belle, la tête toujours enfoncée dans l'oreiller.
"Soulèves toi. Que j'enlève ton pantalon...
"T'as conscience de ce que tu dis? Grogna le jeune homme en soulevant son bassin. Espérant que Gibbs ne le ferait pas se retourner, il ne tenait pas à ce qu'il voie le truc en silicone qui le tenait prisonnier.
"DiNozzo!! Mais t'es pas croyable toi! S'exclama Gibbs en essayant de garder son calme en voyant l'état des fesses de son agent.
"Ben on avait dit après le petit déjeuner... Alors je me demande si tu as enfin cédé et que tu me fais ces fameuses propositions.

Jethro secoua la tête, un petit sourire au coin des lèvres, bien que les traces de coups encore enflammées sur le postérieur de
Tony ne lui donne pas envie de rire du tout. Il se demandait comment il arrivait encore à s'asseoir.

"C'est pas si douloureux... Dit Tony à voix basse. Là, c'est un peu plus rembourré... Et puis j'ai l'habitude...
"Merde DiNozzo!! Comment tu peux avoir l'habitude de ça? Grogna Gibbs en passant sur les fesses abîmées, une gaze et du désinfectant.

Le silence qui fit écho à ses paroles, lui fit réaliser que sa remarque avait été blessante.

"Tony... Je veux dire...
"C'est pas grave Boss. L'interrompit le jeune homme immobile. T'as raison. Je suis pas très normal pour accepter des trucs pareils, hein?

Gibbs secoua la tête et continua ses soins, lentement, couvrant les plaies de crème.

"J'ai pas dit ça Tony. Je dis que tu devrais essayer de t'en sortir. Je suis certain que tu...

Gibbs préféra ne pas continuer en voyant la tension dans les épaules de DiNozzo. Il remonta le boxer et le pyjama, Tony souleva son bassin de nouveau. Mais se réinstalla, toujours dans la même position, dos à Jethro, la tête posée sur ses bras croisés, le regard fixe, posé sur une table de nuit des plus banales.

"Tu devrais aller te servir un autre café Boss. Lui dit le jeune homme, sans se tourner vers lui.
"Tony...
"Patron... J'ai besoin de rester seul... Je t'en prie.

La note de supplication dans la voix de Tony fit se hérisser les poils sur la nuque de Gibbs.

"Pas question. J'ai pas envie que tu fasses des conneries...
"Promis Patron, je ferais pas de conneries... La voix était atone. Tony ferma les yeux et les larmes qui tombèrent sur le drap furent suivis de sanglots silencieux.

Il ne fallut qu'un instant à Gibbs pour faire le tour du lit et s'agenouiller face au jeune homme dans la détresse.
Il se traita de tous les noms pour avoir mis son ami dans un état pareil.

"Tony... J'suis désolé. Je voulais pas te dire ça...
"Tu peux pas savoir... Murmura Tony. Je peux pas porter plainte... Je peux pas arrêter...
"Je comprends pas... Tu... Tu aimes ce type là? Demanda Gibbs d'une voix étranglée.

Tony ouvrit le yeux sous le choc, il se redressa et secoua la tête.
"Non!! Non!! Bon Dieu Gibbs!!! Comment tu peux croire un truc pareil?
"Vas-y, expliques moi... J'attends...
"J'peux rien te dire Gibbs... J'suis désolé.
"C'est quoi ton truc Tony? Bondage, sado-masochisme? Soumission? Discipline domestique? Gibbs essayait de se contrôler, mais sa voix gagnait en puissance. Il était au bord du hurlement de rage. Et ça n'avait rien à voir avec le noeud qui broyait son estomac en forçant les mots à passer sa bouche.

"Tu comprends pas...
"Expliques...

Tony rassembla ses genoux et les enserra de ses bras, il posa sa tête dessus. Ferma les yeux et commença à raconter... Comme si c'était arrivé à un autre...

Flash back

A neuf ans chez les DiNozzo, on a pas le choix, c'est chorale et cours de musique le mercredi et le samedi.
Messe le dimanche bien évidement.
Avec participation à la chorale de l'église en prime, donc peu ou pas de loisirs.
De vrai loisirs.
De loisirs d'enfant de neuf ans.
Sauf.
Sauf si la musique te fait vivre, qu'elle te transporte et t'émeus.
Que tu plonges là dedans comme dans la délivrance de ton quotidien.
Même pas minable ce quotidien.
Juste indifférent.
Minablement indifférent dans son aisance. Dans ce luxe ostentatoire et inutile.
Dans la solitude d'un enfant de neuf ans, fils unique et dont la seule qualité est le silence qu'il ne perturbe pas par ses jeux.

La chorale est une source de vie. Il côtoie d'autres enfants.
Même les cousines avec lesquelles il y vient ne le connaissent pas tant que ça, il n'est que le cousin Anthony.
Maria et Donatella. Les filles de son oncle Ernesto. Elles vivent au bout de la rue pourtant. Ils ne se fréquentent pas, hors des déjeuners dominicaux qui réunissent la famille parfois.

Les garçons ne jouent pas avec les filles.

A la chorale on l'aime bien, il a une jolie voix, le Père Alan aime à le faire chanter seul, il lui dit qu'il a la voix des anges.

Il devient le soliste de la paroisse. C'est une fierté pour ses parents.

Et un bonheur de chaque instant pour lui. Il s'échappe après l'école et file comme le vent vers l'église.

Il aime surprendre le Père Alan en pleine réflexion, travaillant sur un sermon tout en écoutant des opéras païens. Il aime par dessus tout Roméo et Juliette et en fait découvrir les textes au jeune enfant émerveillé.

Avec sa voix, il chante encore le répertoire de Juliette pour le moment, les chants des hommes ne viendront que plus tard. Anthony découvre aussi la passion et la vengeance avec la Tosca. Puis la Traviata, les Noces de Figaro, tout le répertoire classique est déversé dans les oreilles attentives d'Anthony.

Il se fait les dents petit à petit sur Carmina Burana, L'Anneau du Niebelung.

Le Père Alan aime Mozart et Beethoven, mais il voue une passion à Wagner. Peu importe qui, finalement, tant que c'est beau.
Anthony apprend.

Il se souvient de ces années là comme d'une musique permanente.

Il jouait aussi du piano, essayant de retrouver les airs qu'il affectionnait particulièrement. Il se revoyait dans le salon poussiéreux de la vieille Signora Dell'a Campa, son Erard de concert à sa disposition.

Il était amoureux de ce piano. Même s'il connaissait ses propres limites. Il serait un jour, un pianiste de salon peut être, jamais un concertiste virtuose.

Mais il le prenait avec philosophie.
Celle du Père Alan qui le faisait rire en plaçant parfois au cours de ses messes, des arias tout ce qu'il y avait de plus païen. Les gens n'y voyaient que du feu et les deux complices échangeaient un sourire de connivence. L'organiste s'en moquait bien, lui, il n'était même pas chrétien et ne venait que pour Alan. Un vieil ami d'enfance. Sean O'Reilly. Un Irlandais comme lui. Il aimait bien le petit Anthony et se régalait de l'entendre chanter.

Puis vers douze ans, le petit Anthony a commencé à devenir moins petit et un peu plus grand.

Il a perdu la voix des anges.
Et a gagné en discrétion.

Appréciant finalement de remonter les marches de la chorale, de ne plus être le point de mire de l'assemblée et de la famille. C'est devenu un baryton tout à fait apprécié.

Le Père Alan lui confiait à présent les vrais chants "d'homme" comme il se plaisait à dire. Anthony s'en délectait.
Même s'il ne pratiquait l'allemand que d'oreille et sans en comprendre les mots, pour le sens ça allait, il connaissait aussi toutes les traductions italiennes des opéras qu'il aimait.
Le Père Alan lui avait même fait chanter les Noces de Figaro en version française...
Ils avaient ri comme des fous... Anthony un peu perdu entre son accent italien et son accent américain. Quand à son accent français... Mieux valait oublier...

*****

Tony s'était tû, perdu dans ses souvenirs qu'il déroulaient d'une façon impersonnelle, pour mieux distancer la douleur...

Gibbs s'était assis sur le lit et quand Tony arrêta ses confidences, il passa sa main dans la chevelure emmêlée.
Attirant le jeune homme contre lui, le prenant dans ses bras, il commençait à comprendre que le pire allait venir.

"C'est pour ça que tu chantes en allemand... Remarqua-t-il en caressant la nuque ployée.
"Ouais...
"Tu veux continuer?
"T'es premier à qui je raconte ça...
"Merci. Je suis touché. Murmura Jethro en les faisant s'installer plus confortablement, le visage de Tony posé sur sa poitrine, ses bras autour de ses épaules, le réconfortant d'une brève caresse par instant.

Tony prit une inspiration profonde et d'une voix nouée, reprit son récit, à la troisième personne.
Il fallait distancer...
Encore et toujours, pour ne pas s'effondrer.

Flash Back

Et l'enfance s'est terminée le jour de ses dix-sept ans.
Avec une porte ouverte vers l'université de l'Oahio. Section sport.

Il aimait ça et avait un peu abandonné la musique au profit du sport, son corps grandissait et avait des besoins. Il devait dépenser ce trop plein d'énergie qui le faisait bouillonner à l'intérieur et la musique n'y arrivait plus.

Il devait s'expatrier. S'éloigner de ses amis, de sa famille, du Père Alan et de sa chorale.

Il avait eu du mal à l'imaginer au début.

Mais n'était parti qu'avec des souvenirs heureux dans ses bagages. Et deux adresses dans son portefeuille.

Le Père Alan avait insisté, il devait continuer la musique. Et il avait contacté des confrères et des amis dans tout le pays, terminant avec ces deux adresses proches de l'université.
Une chorale religieuse et une laïque. Anthony avait promis de passer voir, mais s'était arrêté là. Il attendait de connaître ce qui l'attendait au niveau de ses études avant de s'engager de nouveau dans la musique.

Prudent, il était parti une semaine avant l'ouverture du semestre, prenant la température de la ville et du campus. S'installant dans une petite chambre à deux lits, en cohabitation avec un jeune jamaïcain.
Sympa mais pas la même culture. Reggae and co. Dreadlocks et pétard au bec.

Pas vraiment le genre d'un DiNozzo.

Alors Anthony avait été repérer les deux quartiers et les deux chorales, il était venu en spectateur quelques fois.
Puis il avait appelé, prenant rendez vous pour les auditions.

Par égard pour son vieil ami le Père Alan, il avait fait en sorte de passer l'audition de la chorale religieuse en premier. C'était la paroisse St Patrick, en plein quartier Irlandais, le Père Shaunessy était un grand homme jovial, sympathique mais presque effrayant. Irlandais quoi. Il avait parlé avec Anthony pendant un long moment avant de crier dans la longueur de l'église:

"Pio! La chanson de Roméo sur la tombe de Juliette!
"Bien Padre... Avait répondu une voix enjouée.
"Je présume que tu as un répertoire assez élargi avec ce cher Alan?

Le jeune homme avait été amusé et s'était chauffé la voix quelques instants pendant que l'organiste jouait une intro prolongée. Puis l'audition avait commencé, Anthony avait enchaîné plusieurs airs différents, du cantique au chant de Noël, plus quelques chansons populaires, le Père Shaunessy avait de l'humour.

Et le jeune homme avait hésité.

L'homme lui avait plu, mais au delà de ça, il hésitait à replonger dans une chorale religieuse.

Il avait envie de musique, mais pas d'église.

Le prêtre vit le dilemme qui déchirait le jeune homme et lui donna toute latitude pour aller passer son autre audition. Lui promettant avec un sourire qu'il le contacterait plus tard.

Sans le savoir, cet après midi là, le Père Shaunessy a enclenché le destin d'Anthony tel qu'il devait être vécu.

Le lendemain, le jeune italien fit son entrée dans une chorale bien plus simple et bien plus chaleureuse à son goût. Celle ci était située dans le quartier Italien, il s'y sentit chez lui avant même de commencer à chanter. Et quand il rencontra le maître de choeur, l'attirance fut immédiate et réciproque.
Gianfranco Alberti était un homme doux et patient, aux antipodes du Père Shaunessy et tellement proche du Père Alan. L'homme devait avoir une quarantaine d'années, c'était un ancien élève du prêtre et il en parlait avec une grande tendresse, il discuta avec Anthony pendant si longtemps qu'ils oublièrent presque l'audition.

De fait, le pianiste était en retard et ils durent l'attendre encore un moment, Anthony en profita pour se dégourdir les doigts un moment sur le vieux piano à queue, jouant quelques airs peu connus.

Clap... Clap...

Les applaudissements étaient peu nourris puisqu'ils ne venaient que d'une seule personne, mais semblaient sincères. Anthony se leva du piano en rougissant un peu, s'excusant auprès du musicien.

"Ce n'est pas mon piano, tu sais. Alors joues-en quand tu veux.
"C'est toi que nous attendions? Demanda Anthony en serrant la main du jeune homme.

Il le détailla, à peine plus vieux que lui à première vue, approximativement la même taille, cheveux noirs et regard idem.
Le soleil dans ses yeux pourtant.
Une sorte de gentillesse innée qui l'enveloppait. Un visage ouvert et souriant.
Un mystère dans son regard.

"Paolino Grazza. C'est moi le musicien. Se présenta le jeune homme.
"Anthony DiNozzo. Le futur chanteur... répondit l'adolescent en riant.
"On est pas futur dans ton cas. Tu es un chanteur. N'en doutes jamais. Lui dit Paolino en prenant place au piano, coupant là la discussion.

Le maître de choeur revint et fit passer l'audition à Anthony, airs classiques, religieux encore, et chants populaires.
Gianfranco était enthousiaste, il espérait que l'adolescent choisirait de rester dans la chorale. Il se reconnaissait tellement en lui.

Il devinait une enfance solitaire derrière cet engouement pour le chant et la musique. Il savait que la communauté Italienne de cette ville l'adopterait. Il se contenta de le serrer brièvement contre lui quand il accepta sa proposition. Et s'en alla avec un sourire. Laissant Anthony dans la salle en compagnie du pianiste.

"Il était content que tu acceptes. Lui dit le jeune homme en refermant le couvercle du clavier et en couvrant le piano.
"Je suis bien content moi aussi. Répondit Anthony en souriant. Il est sympa. Mais je sais pas comment dire au Père Shaunessy que je n'irais pas à St Patrick...
"Il s'en doutait, tu sais...

L'adolescent lança un regard acéré au jeune homme qui lui faisait face.

"Et comment tu sais ça toi?
"C'est moi qui t'ai accompagné lors de ton autre audition. Je suis à St Patrick en temps normal, mais je joue ici pour Gian quand il me le demande. Je suis son musicien de secours en quelque sorte.
"C'était toi? S'exclama Anthony, incrédule. Je ne t'ai même pas vu... Enfin, j'ai juste entrevu une robe noire, de loin dans l'ombre du premier étage.
"Je sais.
"Paolino Grazza? C'est ça?
"Pio. Mes amis m'appellent Pio. Et toi?
"Anthony, je te l'ai dit.
"Je sais, mais comment t'appellent tes amis?
"J'ai pas d'amis.
"Je serais le premier alors. Lui dit le jeune homme avec un sourire éclatant. Tony. Tony ça te plaît?
"Tony??? Tony...

Le diminutif était empreint d'exotisme dans sa bouche. Il n'était pas de ceux qui ont un diminutif. La Famille n'aurait pas approuvé.

"J'aime bien...
"Alors va pour Tony. Mon ami Tony. Précisa Pio en souriant.

*****

"Paolino? Murmura Gibbs C'est lui?
Tony acquiesça d'un hochement de tête.
"Pio... Mon ami Pio.

Le ton de sa voix envoya un rappel à l'estomac de Jethro, Tony n'était pas à lui... Encore moins avec ce Paolino.

*****

Il a gentiment proposé de raccompagner Tony sur le campus, lui faisant faire un tour de la ville en même temps, lui indiquant les petites boutiques où manger pas cher, les endroits où trouver des fournitures scolaires à des prix dérisoires.
Ils s'amusèrent comme des fous. Pio ayant un peu d'argent, il paya à Tony son premier vrai hot-dog au chili.
Spécialité... spéciale, il faut bien en convenir et le jeune italien eut un vrai aperçu de la vie telle qu'il pourrait la vivre maintenant qu'il était seul et presque indépendant.

Son amitié pour Paolino fut aussi instantanée que réciproque, ils s'entendaient comme des frères. Pio, un peu plus pondéré que Tony, le réfrénait dans ses envies de liberté.
Ses deux années d'aînesse le rendant plus sage.
Et puis le fait qu'à a peine dix neuf ans il soit en première année de séminaire. Attaché à St Patrick.
Sa vocation de prêtre ne l'empêchant pas d'être un jeune homme comme les autres. Aimant se dépenser physiquement, le sparing partner idéal pour un Tony toujours aussi expansif. Il le suivait dans ses jogging du dimanche, le poussait au bout de ses limites quand il le sentait fatiguer.

Aimant cette compétition amicale entre eux.
Le prêtre n'étant pas toujours le perdant dans leurs joutes.
Ils allaient nager, courir, jouer au basket. Chaque instant de liberté était employé en compagnie l'un de l'autre.

Pio devint le confident.

Le confesseur attitré d'un Tony débordant de vitalité amoureuse.

"Padre, tu vas devoir me confesser, je crois bien que j'ai encore péché... Disait Tony avec un sourire carnassier.
"Je n'ai pas le droit de te confesser Tony, Répondait Pio en riant, je ne suis pas encore prêtre. Tu le sais bien, et puis tu ne me demandes pas l'absolution, tu te contentes de me faire du porno auditif..
"Pour que tu saches ce que tu manques, c'est tout! Se défendait Tony en riant à son tour.
"Pervers!

Tony hurlait de rire et se précipitait sur son ami, le poussant sur le lit et le bourrant de coups de poings factices, Paolino ne se laissait pas faire et ils terminaient, à rouler par terre en se battant comme des chiffonniers.

Souvent, Paolino entraînait Tony au cinéma voir de vieux films d'auteur, en noir et blanc, lui fit découvrir Casablanca, Les Orgueilleux. Tout un monde s'ouvrait à un Tony encore émerveillé par de vieilles séries.

Sans compter la littérature.

Pio estimait que passer une licence en sport ne dispensait pas d'être cultivé. Il lui faisait lire des oeuvres classiques, l'Illiade et l'Odyssée, Guerre et Paix, Les hauts de Hurlevent.
Tout y passa ou presque... Pio avait des goûts très éclectiques.

Et Tony en profita.

Les deux jeunes gens se complétaient à merveille.
Les trois années de fac passèrent à une vitesse impressionnante. Peu d'événements sensationnels durant ces trois ans.
Le seul souvenir marquant de Tony était l'ordination de Paolino.

En sa qualité d'ami, il fut le dernier à le voir avant qu'il ne s'enferme en retraite avant la cérémonie.

Tony fut son seul confident quand il exprima ses doutes.
Son envie de s'engager auprès de Dieu, sa renonciation aux plaisirs de la vie.

Son voeu de célibat.
Tony le soutint de son mieux, l'amenant à réfléchir et à s'engager, l'esprit en paix.

La cérémonie fut intense. La chorale Italienne, ayant été, par une dispense spéciale, invitée à accompagner la messe, puisque Pio en était un des musiciens, Tony eut le privilège d'y assister.

Il fut ému en l'entendant prononcer ses voeux. Il le fut plus encore en le voyant revêtir l'aube blanche qui le consacrait prêtre.
Ce n'était plus un jeune homme comme les autres.
Il était devenu un élu.

Quelques mois plus tard ce fut lui qui assista à la remise des diplômes de Tony, lui rendant la pareille en amitié.
La famille n'avait pas jugé utile de faire le déplacement.

Et Tony chercha tout l'été ce qu'il allait bien pouvoir faire de sa vie, être major de sa promotion était bien. Avoir une licence en sport quand on n'avait pas l'intention d'en faire son métier était moins utile.

L'idée, comme toutes les idée inspirées, lui vint a la suite d'une conversation avec Pio, qui se termina aux petites heures du matin et de façon déshonorante pour lui, en train de vomir tripes et boyaux dans les toilettes de l'appartement de son ami.

"Et pourquoi pas la police? Avait proposé Pio, un peu éméché lui aussi.
"Et pourquoi la police? Avait répondu Tony.
"Il y a une académie en ville. Si tu es pris, ça fera les pieds à ton père et puis tu ne partiras pas... J'ai pas envie que tu partes mon ami. Avait dit Paolino en hochant la tête.
"Comme idée... Ca c'est une idée... Piooooooooooooo, j'vais vomirrrrrrrrrrrrrr.... S'était exclamé le jeune homme en se précipitant dans la salle de bain et en s'agrippant à la cuvette blanche comme à une bouée de sauvetage.

Suite à l'idée brillantissime, Tony avait travaillé les aspects de la question. Les recrues étaient embauché sur dossier scolaire, avec sa licence, il pourrait être pris sans problèmes.
L'idée le séduisait petit à petit.
La police.
Ca lui disait.
Etre là pour aider les autres, pourquoi pas...
Pompier ne le tentait pas, prêtre c'était déjà pris et médecin, il fallait repartir pour dix ans d'études au bas mot.

Alors il déposa sa candidature, sans grande conviction d'être accepté.

Quand il reçu la lettre de l'académie, il se rendit à la paroisse St Patrick, il traversa l'église en courant, cherchant son ami.

Lui tendant la lettre d'une main si peu assurée. Mais Pio refusa de la lire avant lui et l'obligea à faire face à son destin. Il déchira l'enveloppe et en sortit la lettre en retenant son souffle.

Le regard clair croisa le sourire du Père Pio. Il y puisa un fond de courage et déplia la missive.
Le seul mot qui lui sauta aux yeux fut : Accepté.
Il bondit sur Paolino, le serrant dans ses bras, l'entraînant dans une gigue effrénée.

"J'suis accepté!! J'suis accepté!!! Pio!!!!! T'avais raison!!!!!! Chantonnait-il à tue tête dans la sacristie.
"Je te l'avais dit...

Leur routine ne changea guère.
L'académie ayant remplacée le campus et les messes de Pio, les cours de dialectique.

Ils se voyaient toujours dès que leurs horaires le leur permettaient. Paolino entraînait Tony dans ses pérégrinations dans les quartiers défavorisés.
Le quartier Italien avait toujours leur préférence. Et ils l'écumaient, cherchant les misères à soulager.

Leur jeunesse et leur air avenant, leur ouvraient quasiment toutes les portes, ils n'avaient pas le profil type de leurs métiers et c'était un précieux élément dans leur quêtes.
Et enquêtes.

Deux ans passèrent encore à la vitesse de l'éclair.
Au cours de cette dernière année, Tony fit la connaissance de certains paroissiens que Pio ne lui avait pas encore fait rencontrer.
Il s'agissaient de jeunes gens, filles et garçons, qui étaient en marge de la communauté habituelle.
Ils naviguaient dans les eaux troubles de la communauté gay de cette grande ville.

Pio attendait Tony à son appartement, à la grande surprise du jeune homme, il vit que le prête avait troqué sa tenue habituelle, qui n'était pas si exceptionnelle, puisque composée d'un blouson de jean noir et d'une petite croix en argent épinglée à son revers, contre un autre blouson, en cuir celui là, porté sur une chemise vert foncée.

"Tu fais quoi, petit Curé? Tu laisses tomber l'église?
"La ferme Tony. J'ai besoin de ton aide ce soir.
"Celle de Tony ou celle du flicaillon?
"Les deux. Mais pas le moindre commentaire sur ma tenue. Ni sur l'endroit où je t'emmène. On peut pas le voir à un autre moment. Annonça le prêtre sans rien expliquer de plus.
"D'acc. Comme d'hab. Tony, Fais moi confiance et tais toi... Se plaignit le jeune homme en grimaçant.
"Gnagnagna... T'es lourd DiNozzo! Tu sais ça? Grogna Pio.
"A tes ordre Père Paolino Grazza. Je te suis. Et je ne dirais rien. Dit un Tony presque repentant.

Ils se rendirent au Clair de Ciel, un bar de nuit, fréquenté par une clientèle gay assez cosmopolite. Tony haussa un sourcil en entrant dans le bar, il ne fréquentait pas vraiment ce genre d'endroit et s'y trouver, en compagnie qui plus est, d'un membre du clergé, frôlait l'irréel.

"Ne fous pas le bronx. Je suis connu ici. Murmura Pio à son oreille.
"Tu es connu ici? T'as des choses à m'expliquer, Curé. Lui répondit Tony de la même manière.

La musique était si forte qu'ils ne s'entendaient guère. Et la pénombre, fort bien étudiée, dissimulait des couples à divers stades de séduction. Du simple flirt, au stade nettement plus avancé de l'approche sexuelle.
Tony vit avec un certain amusement que Pio, s'il avançait sans hésitation, preuve qu'il connaissait parfaitement l'endroit, avait les joues colorées.

Très colorées même.

Il devait être pivoine.
Ils s'assirent à une petite table proche de la scène où un spectacle allait commencer.

"Alors?
"Patience...
"Paolino. Je ne suis patient que si tu ne me prends pas pour un imbécile. Alors explique.
"Tony. Je te jure sur la sainte Bible que je ne te prends pas pour un imbécile. Mais attends encore quelques minutes. Supplia le prêtre.

Obéissant avec une grimace, Tony s'installa à la table, jambes allongées, bras croisés sur la poitrine, examinant attentivement la salle, sans en avoir l'air.
Quelques minutes passèrent et Pio se pencha vers lui, un petit sourire aux lèvres:

"Allez, arrête de bouder mon Tony, dis moi ce que tu regardes... demanda-t-il.
"Pio... Ok, dit Tony en se redressant, au bar, trois clients viennent de prendre un truc qui ne s'apparente que de très loin à de la boisson, le barman est un dealer. Certain.
Un danseur, vient de passer entre la scène et la salle, je dirais que tu devrais faire attention à tes fréquentations, celui là il est sacrément mineur, et il n'a pas l'air d'être le seul, il y a des mecs dans l'allée de droite, qui conduit qui toilettes, je présume, qui se vendent... Ce club est un mix entre un bordel et une boutique de came. Pio... On va pas rester là toute la nuit, je te préviens.

La voix tranquille de Tony fut un choc pour le prêtre, il avait le même air détendu que d'habitude, mais dans son regard brillait une colère noire. Et Paolino eut peur un bref instant que cette colère soit dirigée contre lui.

"Pio... C'est pas contre toi que je râle. Si on est ici c'est que tu as encore une âme perdue à sauver, je le sais, mais je supporte pas ces mecs là, la drogue, la prostitution et les gamins... Je suis pas flic pour rien mon vieux. Le rassura son ami en posant sa main sur la sienne. Enlaçants leurs doigts. Comme souvent. Sans arrière pensée. Un geste comme tous les autres gestes, comme se prendre par les épaules, se toucher, s'effleurer, Tony avait besoin de ce contact que Pio avait accepté de lui donner, ce manque d'affection qui avait glacé son enfance l'avait profondément marqué et il aimait se perdre dans la chaleur de ces petits moments intimes.
Bien avec lui. Son ami, son frère. Son âme soeur peut être.

"Padre. Bonsoir... Dit une voix enjouée. Les faisant sursauter, ils regardèrent le jeune homme qui venait d'arriver, un serveur d'une vingtaine d'année.

Pas très grand, mais très mince. De cette minceur que l'on associe à la drogue bien souvent.

Leurs réactions furent diamétralement opposées.

Le regard de Pio s'éclaira et il lui sourit, Tony pour sa part, s'assombrit en voyant l'état dans lequel il était. Son oeil entraîné, voyait ce qui échappait au prêtre, les cernes sous les yeux, le visage émacié, la pupille dilatée.
Le jeune homme était sous l'influence de la drogue.

"Padre... Qui est ce?
"Tony... Mon... Heu... Mon ami. Je me suis dit que son avis pourrait être précieux. Répondit Pio en hésitant un peu. Lâchant la main de Tony, il enfouit la sienne dans ses cheveux.
"Padre... Je n'ai pas besoin de conseils... Dit le jeune homme en riant.
"Emiliano... Tu sais bien que tu as besoin d'aide. Insista le prêtre.
"Padre...

Emiliano n'eut pas le temps de continuer sa phrase, Tony l'avait attrapé par la poignet et l'avait fait s'asseoir.

"Si le Padre dit que tu as besoin de mes conseils, laisses moi en juger par moi même Emiliano. Dis moi quel est ton problème? Déclara Tony d'une voix douce.
"Je, j'a... j'ai rien... C'est Pio qui exagère... Se défendit Miliano en essayant d'échapper à la poigne de Tony.
"Dis donc, si il y une chose que je sais avec le Padre, c'est qu'il n'exagère jamais. Si il dit que tu as besoin d'aide, c'est que t'es dans une sacré panade mon vieux... Dit Tony.

Paolino intervint en posant sa main sur celle de Tony, lui faisant lâcher le poignet trop fin du jeune serveur.

"Tony. C'est de ton aide que j'ai besoin, pas que tu lui fasses peur...
"Ok. C'est à lui de se décider...

Le jeune homme les regardait tour à tour, son jugement légèrement brouillé par la drogue qu'il avait absorbé un peu plus tôt dans la soirée.

"Je... Je vous apporte des consos, je reviens.
Emiliano s'éloigna lentement, se dirigeant vers le bar.
Tony le suivit du regard.
"Qu'est ce que tu veux de moi Pio? Je ne peux rien faire pour lui s'il ne le veut pas. demanda-t-il à voix basse.
"As tu la sensation qu'il soit heureux? Qu'il aille bien?
"Au delà du fait qu'il se shoote, qu'il est gay et probablement battu en plus? Je ne crois pas vraiment qu'il soit heureux. Non. Alors dis moi ce que tu attends de moi... Répéta Tony en cherchant le regard d'onyx de son ami.
"Je veux que tu le persuades de porter plainte contre son ami qui le bat. Que tu l'inscrives dans une session de désintoxication quelque part. Lui répondit Pio sans détourner les yeux. Aides moi à le sauver. Il est vraiment dans la mouise.
"Dans la mouise?
"Dans la mouise... Je suis poli moi...
"Hé Curé... Marmonna Tony en riant. Je suis très poli moi aussi...
"Ouais... Nettement moins que quand je t'ai connu, sale gosse... Dit le jeune prêtre en souriant.

Ils restèrent silencieux un moment, le spectacle avait commencé sur la scène, une revue musicale d'assez bonne qualité. Les danseurs avaient un air affreusement jeune, Tony avait raison. La plupart d'entre eux devaient être mineurs.
Et Pio eut la soudaine sensation que le club n'allait pas tarder à avoir un contrôle de police.
Le regard de Tony était suffisamment parlant.
Une serveuse vint leur porter deux bières et Pio lui parla quelques instants. Il secoua la tête, complètement atterré lorsqu'elle lui répondit.

"Quoi? Demanda Tony.
"Miliano est parti.
"Comment ça, parti?
"Son petit copain est venu le chercher, il y a quelques minutes.

Le regard du policier était désolé et il secoua la tête lentement en buvant sa bière.
Le prêtre resta silencieux. Son idée n'avait pas donnée les résultats auxquels il s'attendait.

"On s'en va Padre? Proposa Tony.
"T'as raison, on a plus rien à faire ici. Approuva Pio en se levant.

Le lendemain, Tony était arrivé à la sacristie directement à la fin de ses cours, par chance il n'était pas de patrouille cette semaine là.
Il bouquinait, tranquillement installé dans l'appartement de son ami, affalé dans le fauteuil du salon, quand on avait frappé à la porte, il avait ouvert et s'était trouvé face à face a un Emiliano défiguré.

Le jeune homme s'était pratiquement évanoui dans ses bras.
Son visage portait des traces de coups. Les joues gonflées, les yeux bordé de violet, le nez visiblement cassé.

Tony avait appelé les secours et après avoir installé le jeune homme confortablement, s'était précipité à l'église, il avait interrompu Pio en pleine confession et l'avait ramené dare-dare en haut.
Ils l'avaient accompagné à l'hôpital.
Il avait été admis en urgence. Son visage abîmé ne reflétait que de façon minime ce par quoi il avait dû passer la veille au soir.

Il avait trois côtes cassées, un poignet fracturé, une entorse au genou.
Des bleus partout sur son corps frêle.

Son bourreau ne s'était pas arrêté là et les dégâts infligés à certaine parties intimes, révélaient la violence des rapports qu'il avait subit.

Pio avait pâli au fur et à mesure que le médecin avait annoncé les blessures du jeune homme.
Il n'avait dû qu'aux bras de Tony de ne pas s'effondrer en pleine salle d'attente. Il avait enfoui sa tête dans son épaule, alors que son ami le réconfortait comme il pouvait.

"C'est son ami? Avait demandé le toubib.
"Non, Doc. Son prêtre. Avait répondu Tony, s'attirant un regard curieux du médecin.
"Il va s'en sortir? Toubib? Avait eut le courage de demander Pio en s'éloignant de la chaleureuse protection de Tony.
"Je ne peux rien dire pour le moment, son état est stable. Mais il était drogué. Camé complet. Je ne sais pas l'effet que ça pourra avoir sur sa guérison.

Pio secoua la tête, il s'assit lourdement en croisant ses mains et se mit à prier. Laissant à Tony le soin de faire le nécessaire concernant Emiliano.

Contre toute attente, le jeune junkie s'accrocha de toutes ses forces à la vie et sortit du coma artificiel dans lequel les drogues l'avaient plongé.
Quand il fut suffisamment remis pour recevoir le prêtre à l'hôpital, il eut droit aussi à une
visite de Tony.
Leurs actions conjointes parvinrent à le persuader de porter plainte contre son petit ami.

Tony, tout en s'impliquant pour son ami, refusa de connaître le nom du salaud qui avait fait de la vie du jeune serveur, un enfer. Et ne suivit que de très loin le procès qui s'ensuivit, ainsi que la fermeture du Clair de Ciel, un peu trop de mineurs dans ses murs et un peu trop de commerce illégal dans son arrière salle.

******

"Combien? Demanda Jethro en caressant une épaule.
"Il a pris cinq ans, je n'ai jamais réentendu parler de lui, pas même par Emiliano. Le gamin a suivit une cure de désintox et a voulut partir, aller à New York avec un de ses amis, essayer de trouver du taff là bas et changer de vie. Avec Pio, on l'a épaulé du mieux qu'on pouvait. Répondit Tony sans bouger. Un jour il est arrivé à l'appart de Paolino et nous a annoncé son départ, il avait enfin réussit à trouver un boulot et devait partir le lendemain. Rien ne l'attachait dans cette ville, sorti du Curé. Et il a disparu.

Un grognement venant de l'estomac de Tony leur fit lever la tête et regarder l'heure. Ils furent plus que surpris de voir qu'il était largement plus de midi.
Le récit de Tony, même s'il était loin d'être terminé, avait fait filer le temps comme l'éclair et les deux hommes se levèrent lentement, ils se préparèrent un déjeuner rapide et retournèrent s'installer dans le salon, allongés sur le canapé. Tony encore une fois calé dans le creux des bras de Gibbs, appuyé contre sa poitrine.

"Je vais finir par croire que tu n'exprimes pas tes avances par des mots, mais par des actes, plaisanta Tony en posant timidement une main sur le bras de son patron.

Gibbs secoua la tête en souriant.

"Comment fais tu? Dit il doucement.
"Comment je fais quoi?
"Comment tu fais pour avoir le coeur à plaisanter? A flirter avec moi, comme si rien ne s'était passé? Comment tu fais pour nous cacher ce que tu vis? Sans jamais te trahir? Sans que l'on ait jamais rien remarqué?

Tony hésita un long moment.

"Parce que je ne voulais pas vous décevoir? Te décevoir...
"Moi?
"T'es le Boss, boss, je tiens à ton estime... Déso...
"Règle numéro 6... Tony...

Le jeune homme eut un petit sourire.

"Et pour ce qui est de flirter, t'es très sexy tu sais?? Comment veux tu qu'un homo normalement constitué, résiste à ton charme?

Au delà des mots, la voix était amère, il disait en plaisantant ce qu'il ressentait réellement et se disait que Gibbs, s'il avait compris, l'aurait envoyé dinguer plutôt que de le prendre dans ses bras.

"La ferme Tony... Gronda Gibbs. T'es pas un homo, ni un quoi que ce soit d'ailleurs, t'es un ami et un collègue. Alors je t'interdis de faire des remarques pareilles...

Tony pâlit, il avait été trop loin et Gibbs n'allait pas tarder à le virer, il en était certain.

"Boss...
"Pas de remarques dégradantes sur toi. Tu es comme tu es. Tu vis comme tu vis. Ca ne regarde personne. Et ce n'est pas une honte. Expliqua Jethro en caressant le bras de Tony.
Et en plus je suis très fier de voir qu'un vieil homme comme moi puisse séduire un jeune homme comme toi... Ajouta-t-il à voix basse, dans un sourire.

Tony recommença à respirer, et la dernière remarque de Jethro lui ouvrit les portes d'un espoir qu'il n'osait imaginer...


******

Alors l'histoire de Tony? Ca vous plaît?

Ouais, il y a un petit fond des Choristes mais bon...

Bisousmouchous
Chapter End Notes:
Toujours pareil, BDSM, Hurt Confort, Etc... pas drôle et pas rose.
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